Parmenide a eu tort. Le temps existe. Achille rattrapera, depassera,
voire avalera la tortue, la fleche atteindra la pomme parfois le fils.
Et la mort est la. Mais qui parlera du temps, qui le fera parler?
L'historien. Zenon a eu raison. Pour que le temps, matiere immaterielle,
soit, il faut le diviser, le compter, le decouper, l'accelerer, le
compresser. Il faut lui faire violence. Cet essai est ne d'une
manipulation: et si l'on datait non pas de l'Incarnation, mais de la
Passion? La chronologie en ere chretienne devenue universelle se
decalerait de 33 ans, et avec elle, les siecles, dont le notre, creant
un XXe siecle sans la Revolution russe, sans la Grande Guerre, sans
Proust, Einstein, Picasso, Stravinski, le cinema muet. La premiere
partie de ce livre, A la recherche du siecle, nous mene a l'ere, aux
calendriers, aux periodes, a l'an Mil, ruses que les historiens
emploient pour apprehender le temps. Mais plus qu'ils ne les emploient,
ils les subissent. La deuxieme partie, Perspectives experimentales,
s'interesse donc aux violences conscientes et volontaires: le siecle
comme pendule metrique, le calendrier republicain, la periodisation par
metaphores (Foucault), la generation sans age, le contexte flottant. Car
pour respecter son contrat - faire parler le temps - l'historien se doit
de le trahir. Gaiement. Daniel Shebatai Milo, ne a Tel Aviv, est
de-specialiste de profession, enseignant de vocation. Sa premiere etude,
Aspects de la survie culturelle, a ete publiee de facon fragmentaire,
entre auutres dans les Annales ESC, et les Lieux de Memoire. Maitre de
conferences a l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, il prone
l'histoire experimentale.