L'histoire de la philosophie a toujours vu en Plotin un metaphysicien.
Porphyre ne dit-il pas de son maitre qu'il connaissait parfaitement la
geometrie, l'arithmetique, la mecanique, l'optique et la musique, mais
qu'il n'etait pas enclin a approfondir davantage ces disciplines? Ce peu
de gout pour les mathematiques et la physique n'a pourtant pas empeche
Plotin de rediger quelques traites exclusivement connsacres a des
questions de physique et de cosmologie, traites qui furent les grands
oublies des etudes neioplatoniciennes. Parmi ceux-ci, le traite Sur le
ciel est d'une importance capitale aussi bien en raison du sujet qu'il
aborde que du debat philosophique qu'il engage avec la tradition. La
vision plotinienne du monde et du ciel doit en effet trouver sa place au
sein des theories cosmologiques dominantes de son epoque: celles
transmises par le Timee de Platon, le De Caelo d'Aristote et la vision
stoicienne de l'univers. Il va sans dire que Plotin se veut un exegete
des doctrines platoniciennes, mais le present traite montre peut-etre
plus que tout autre la difficile cohabitation de l'independance d'esprit
et de la fidelite aux textes du maitre. Ce qui se presente comme une
exegese du Timee devient en fait une trahison des enseignements qui y
sont contenus. Le traite II, 1 [40] fut le theatre d'une rebellion,
celle d'un interprete platonicinen qui tente de lire dans le Timee une
theorie qui ne s'y trouve pas.