Pour les Anciens, le reve est d'abord la vision d'une image. Il n'est
pas envisage comme une experience strictement interne, bien plutot comme
la rencontre d'une interiorite avec un objet. A ce titre, il est
considere comme un phenomene mental et physiologique et son explication
s'inscrit dans la continuite des processus perceptifs eprouves a l'etat
de veille. De ce fait, le reve, et plus largement l'image, sont partie
prenante des controverses sur la possibilite et la nature de la
connaissance, qui mettent aux prises sceptiques et dogmatiques. Le reve
doit-il etre considere comme une simple pensee imaginaire (phantasma)
par difference avec une representation comprehensive (phantasia
kataleptike) a l'origine de la connaissance? Est-il possible
d'effectuer une telle separation entre les representations et de
distinguer clairement le reve de la perception eveillee? Et si l'on se
place dans la perspective d'une ascension vers la connaissance, l'image
est-elle un obstacle ou a-t-elle une fonction proprement heuristique?
Les approches croisees de la philosophie et de la litterature antiques
contribuent a eclairer ces questions au sein de ce numero.