Il faut laisser éclore notre nuit intérieure, se dire que la souffrance
est amie de l'aubaine, qu'elle est l'amante de la liberté, de la vie,
que les blessures viennent créer un domaine dans lequel félicité et
douleur sont soeurs. Il faut se saisir de l'ombre voilée s'échappant,
tout bas, au fond de la vallée, la planter dans notre coeur et notre
corps pour que la suie se métamorphose en or. De leur lyre féérique, les
poètes écriront des églogues, et de leur divin dialogue s'élanceront la
vie, le vent, le temps, le sang et la mort. Qu'il est tard pour mourir,
l'âme du poète est déjà abattue; qu'il est lointain, son empire, là où
les âmes se reposent pour l'éternité, égarées. Spleen, expérience de
l'obscure clarté, témoignage poétique de la mort, inondation d'un flot
de lumières et de ténèbres, voilà où se situe l'âme de Quintes de
poésie.