De nos jours, rares sont ceux, meme parmi les Latinistes, a qui le nom
de Publilius Syrus est familier. Des mimes qu'ecrivit cet ancien esclave
dans le courant du Ier siecle av. J.-C. ne subsistent plus aujourd'hui
que de breves formules a valeur proverbiale, que les Romains appelaient
sententiae. D'aspect tantot grave, tantot humoristique, ces sentences
refletent sans doute assez bien la morale populaire du temps (" Un
malade se fait du tort quand il institue son medecin heritier "; " Le
courage croit a force d'oser, la peur a force d'hesiter "; " La mort est
heureuse dans l'enfance, amere dans la jeunesse, trop tardive dans la
vieillesse "). Deja prisees d'un Seneque, elles ont ete rassemblees en
recueil des l'Antiquite et font partie de toute une litterature gnomique
que le Moyen-Age et la Renaissance apprecierent grandement. Elles ont
ensuite retenu l'attention des amateurs de bons mots aussi bien que des
anthropologues, des moralistes aussi bien que des historiens. Cet
interet s'est traduit par de nombreuses editions, d'Erasme aux
philologues allemands de la fin du XIXe siecle. Par la suite, pourtant,
les savants ont eu tendance a delaisser une oeuvre dont l'edition
critique la plus recente date de 1895; la derniere version francaise,
epuisee depuis longtemps, remonte aux annees 1930. Repondant a cette
relative desaffection, le present ouvrage offre une traduction nouvelle
de ces quelque 730 aphorismes; chacun d'entre eux est l'objet d'un
commentaire critique, exegetique ou litteraire. Une introduction et
diverses annexes completent ce volume.