Une Parole d'Ailleurs suppose un point de référence qui définit la
parole d'Autrui. Il y est question d'altérité et donc un autre en face
de ces paroles qui se reconnaissent elles-mêmes comme d'ailleurs. D'où
viennent ces Paroles d'Ailleurs ? Et à quel Autre s'adressent-elles ? Au
fil des poèmes, le poète sème les pistes de la provenance de sa parole
et nous donne avec subtilité et parfois un réalisme absolu, l'identité
de celui à qui il s'adresse. La parole de Benoist Saul Lhoni s'articule
d'abord autour de l'acceptation de la responsabilité de l'individu face
à son histoire: "J'implore L'absolution Des crimes de sang Le sang des
innocents Le sang des martyrs Sacrifiés sur les autels De la bêtise
humaine" Cette supplique adressée aux mânes des ancêtres ouvre le droit
à la parole contemporaine. Le poète se regarde au fond des yeux et
invente cette autre parole. Paroles venues de l'intérieur de la
conscience, assument le poids de l'histoire comme celui de la
quotidienneté.