Apres Vienne (Isere) et Lyon, qui avaient constitue deux tres riches
volumes du Nouvel Esperandieu, une troisieme capitale de la Gaule,
Marseille etait tres attendue dans la serie. Le premier tome d'Emile
Esperandieu, paru en 1907, lui consacrait 92 notices, auxquelles
lui-meme et son successeur, Raymond Lantier, avaient rajoute 33 nouveaux
numeros dans les tomes II (1910), IV (1911), IX (1925), XII (1947) et XV
(1966). Au total donc, une serie assez limitee de 125 oeuvres pour une
ville de cette importance. Encore fallait-il refaire aujourd'hui une
recherche de provenance precise pour presque chaque sculpture, car pour
certaines, leur origine etrangere a Marseille avait ete reconnue par
Esperandieu, mais un bon nombre avait une origine tres incertaine. C'est
d'abord cette enquete preliminaire minutieuse, longue mais indispensable
qu'Antoine Hermary a du mener avec son equipe de chercheurs du Centre
Camille Jullian et des musees de Marseille, avant de pouvoir dessiner le
visage grec de la colonie de Phocee a travers ses sculptures, puis son
avatar romain, plus evanescent peut-etre mais represente par de
nombreuses oeuvres de choix. Enfin, il fallait accorder une place
significative aux sculptures qu'on appelle maintenant gauloises, mais
dont le terme celto-ligures que les historiens employaient naguere,
exprimait deja la complexite d'origine et le caractere archaique. Ces
trois domaines, gaulois, grec, romain, analyses avec finesse par plus de
douze collaborateurs, sont presentes de facon nouvelle et les
temoignages marseillais celebres depuis le XIXe siecle, comme l'Artemis
d'Ephese, les steles de la rue Negrel ou le buste du pretendu Milon,
trouvent ici des descriptions plus precises, des photographies de
detail, ainsi que les dernieres interpretations iconographiques et des
datations soigneusement discutees. De nombreux inedits recueillis au
cours de ces cinquante dernieres annees de fouilles viennent completer
ce panorama entierement renouvele.