Les Ages du monde, texte eclate, peu lu, prestigieux aux yeux de
certains, sulfureux pour d'autres en raison de ses presumees
accointances theologiques, n'ont cesse d'exercer une secrete influence,
dont la trace continue dans la philosophie contemporaine ne se dement
pas. Que disent les Ages? Que l'absolu est liberte originaire - et que
l'homme est liberte creee, finie. Entre les deux, une difference de
regime, le divin et l'humain, tout a la fois abyssale et inessentielle.
Le paradoxe se leve des lors que l'on regarde aux modes d'existence ou
leur difference se donne. La difference existentielle ne releve plus
d'une essence ou d'un deplacement substantiel des categories, mais
separe des codages langagiers heterogenes et met en question la
traductibilite du divin dans l'humain. Les Ages et leur methode
chercheront, au fil conducteur de l'homme, a comprendre celui-ci comme
un microchrone qui se tient en un lien enigmatique mais simple avec un
macrochrone qu'il contient a l'etat d'enveloppement. Cet ouvrage montre
comment Schelling se porte jusqu'a l'archi-origine sauvage de la pensee
en entrelacant une theorie du savoir et une hermeneutique de la
temporalite. Les modes d'acces au temps qu'il propose vont commander
leurs propres formes epistemiques d'exposition - grandiose entreprise
qui se demarque de l'idealisme speculatif et de ses constructions, car
la connaissance ne s'y reduit jamais a un savoir articule en simples
concepts.