A la fin du XIXe siecle, avec la complicite de la typographie, de la
ponctuation et de la grammaire, le texte apprend a dire de moins en
moins jusqu'au silence absolu. L'opuscule, le fragment, l'essence, les
lineaments extremes, le cuchotis mysterieux et bref seraient, a en
croire les contemporains, le propre de l'ecrivain de decadence. Et
Adolphe Rette de parler mechamment, a propos de Mallarme (1897), de
"tortillements d'infusoires sous un microscope infidele". Mais le projet
mallarmeen n'est que l'aspect le plus visible d'une demarche plus
generale, qui privilegie le blanc au detriment du noir, le point ou le
tiret au detriment de la lettre, prefere le condense, l'infiniment
petit, conte "sec" ou "microscopique", aphorisme, monosyllabe. La
hantise de la page blanche se fait partout de plus en plus pressante,
jusqu'a une sorte de desespoir ou la vanite du Verbe ne saurait guere
trouver d'echo que dans l'Ecclesiaste.