Quoi de plus simple que l'idee d'objets dont le mathematicien se
proposerait de connaitre les proprietes? Cet ouvrage montre qu'au
contraire, loin d'aller de soi, cette notion est problematique. Une
premiere demarche critique consiste a resaisir ces objets comme
correlatifs des actes d'une pensee operatoire, puis a montrer en quoi
consistent leur historicite, leur abstraction et leur universalite: il
en resulte qu'ils n'ont d'autres existences d'intra-theorique. L'examen
du langage propre aux mathematiques, fixe dans la forme symbolique, dont
ils ne peuvent se rendre independants, permet ensuite d'identifier le
champ transcendantal dans lequel s'opere leur connaissance. Des lors
l'objet peut etre caraterise comme unite synthetique d'un systeme de
relations, plus primitives que lui. On le verifie a propos des notions
de base: ensembles, nombres, espaces. Le cas des figures exige une
analyse specifique, la geometrie ayant souvent ete regardee comme le
berceau des mathematiques. Mais l'intuition spatiale doit etre
depossedee de son privilege ontologique illusoire. La these proposee
permet d'ecarter les apories classiques en ce domaine; quant a la racine
de l'illusion, c'est une question qui lui est exterieure et releve d'un
autre champ.