Les ideologies dominantes dans le domaine des etudes sur la Grece
ancienne ont instaure deux miracles auxquels je ne crois pas: le miracle
"indo-europeen" du second millenaire - simple remontee du "miracle grec"
de jadis - qui, en s'appuyant sur quelques verites linguistiques et un
schema fonctionnel elementaire, nie la chaine culturelle de deux
millenaires de civilisation et de litterature mediterraneennes et
proche-orientales, et le miracle de la Cite grecque surgie entre le xie
et viiie siecle: loin de moi de refuser la realite et l'importance des
cites ! cependant, apres tout, le monde neolithique a vu naitre d'autres
cites que des grecques, mais surtout, depuis Platon, l'Idee de la Cite
l'emporte sur la cite, et ce phantasme nourrit aujourd'hui, apres maints
avatars, la pensee post-hegelienne. Hors la cite, point de salut ? Tout
au rebours, il m'apparait que chez les Grecs, comme pour nous, c'est au
fond de l'homme d'abord, dans ce qu'un dieu y a mis au commencement -
les mythes en meme temps que l'etre, heritage genetique en meme temps
que culturel - qu'il y a eu et qu'il est quelque chance de salut, et
quelque sens... Les Muses a Hesiode ont appris les verites. Sur
l'Helicon.