English summary: Through the works of four authors-- Cervantes, Jorge de
Montemayor, Iacopo Sannazaro, and Honore d'Urfe--this text analyzes the
pastoral novel of the Renaissance as the last utopian place where
benevolence, consolation, and lack of authority remain. French
description: Des bergers et des bergeres, des moutons et des eaux
claires, le vent qui fremit dans les arbres: tout cela concerne-t-il
encore notre temps ? Si le desir de beaute n'est pas mort, la reponse ne
fait pas de doute. D'autant que les personnages de ces romans de la
Renaissance sont a l'unisson des lieux ou ils vivent. Chez Sannazar,
Montemayor et D'Urfe, regnent la politesse et les belles manieres. Chez
Cervantes lui-meme, volontiers ironique, la courtoisie reussit a
contenir la violence des passions. Les dieux sont morts, meme si
certains cultes essaient encore de donner le change. Reste ce beau
devoir de l'humanite qui s'appelle la bienveillance. Quand un inconnu se
presente, on ecoute son histoire et on essuie ses larmes, car il est
presque toujours malheureux, meme en Arcadie. Mieux: on l'invite a
chanter et a jouer de la musique, supreme consolation. Les plus belles
societes utopiques de la Renaissance ne sont pas celles qu'ont inventees
Thomas More ou Campanella, singulierement depourvues de liberte. Ce sont
ces petites reunions de pasteurs, parfaitement improbables, ou ne regne
aucune autorite. Des duegnes mysterieuses ou des druides venerables se
contentent de reconforter les bergeres en pleurs a la recherche d'un
amant infidele. Ils n'imposent aucune loi. Chez d'Urfe, le plus
magistral des quatre auteurs ici etudies, il revient a chacun de trouver
sa voie et personne ne peut faire l'economie du temps. Comme, bientot,
chez Corneille et Descartes.