L'âge est passé où les dieux conduisaient l'histoire. La providence
bienveillante qui guidait nos pas incertains et réparait nos erreurs,
s'est évanouie sans retour. Abandonné à lui-même, l'homme doit
s'orienter seul dans l'effrayant chaos des forces ignorées qui
l'étreignent. Elles le dominent encore, mais il apprend chaque jour à
les dominer à son tour. C'est cette domination sans cesse plus accentuée
sur la nature que désigne le mot progrès. Maîtriser la nature ne suffit
pas. Vivant en société, l'homme doit apprendre à se maîtriser lui-même
et subir des lois communes. C'est aux chefs placés à la tête des nations
qu'incombent la tâche d'édicter ces lois et de les faire respecter. La
connaissance des moyens permettant de gouverner utilement les peuples,
c'est-à-dire la psychologie politique a toujours constitué un difficile
problème. Il l'est bien davantage aujourd'hui où des nécessités
économiques nouvelles, nées des progrès scientifiques et industriels,
pèsent lourdement sur les peuples et échappent à l'action de leurs
gouvernements.