A l'echelle mondiale, Noel Carroll est un theoricien bien connu du champ
de l'esthetique et des etudes cinematographiques. Aucun de ses livres,
pourtant, n'a ete jusqu'ici traduit en francais. Sans doute l'approche
tres rationnelle que propose Carroll de la theorie du cinema
detonne-t-elle un peu dans le paysage de l'esthetique francaise, ou le
culte de l'intuition et du je-ne-sais-quoi - les betes noires de
l'auteur - est encore tres vivace. Pourtant, ce n'est pas un livre de
desenchantement que cette Philosophie des films; on pourrait meme dire
que l'ineffable, la poesie et l'informulable commencent la ou un travail
de categorisation comme celui de Carroll est termine. La cle de voute de
ce livre, en effet, est le concept de categorie, et son moteur la
volonte d'eclaircir le discours. De quoi parle-t-on exactement lorsqu'on
dit qu'un film est plus cinematographique qu'un autre? Ou, plus
simplement, et comme cela arrive tous les jours, lorsqu'on dit qu'un
film est meilleur qu'un autre? Tout lui est bon pour repondre: pas
seulement les chefs-d'oeuvre estampilles du Septieme Art, mais les films
du tout-venant, ceux qu'on regarde au quotidien, sur toutes sortes
d'ecrans, quelquefois a la sauvette.