L'ouvrage etudie comment la parole de l'autre (populaire, etrangere ou
feminine) est une ressource exploitee de diverses facons par le
narrateur du roman-memoires. Les romanciers du XVIIIe siecle insistent
sur la representation des effets des paroles des autres personnages sur
le sujet central, en theatralisant l'efficacite de ces paroles sur le
narrateur primaire. Les enonces ainsi accentues ne sont cependant pas
les plus decisifs sur la destinee du sujet central, qu'on nous montre
davantage faconne par les paroles anodines et disqualifiees. Les paroles
des autres sont egalement representees comme des elements de
transactions et revetues d'une valeur marchande. Les insertions de
recits mettent en evidence les differentes regles des echanges narratifs
et verbaux. A cet usage des paroles dans la fiction correspond une
evolution de la composition des romans et de la facon d'utiliser les
voix des autres de facon plus rationnelle et "rentable", l'economie des
voix romanesques etant envisagee dans une perspective utilitariste.