Est-il vrai qu'il faille enseigner l'histoire aux enfants sans qu'ils la
comprennent et de façon à meubler leur mémoire de quelques dates et de
quelques événements ? C'est extrêmement douteux. On ne s'y prendrait pas
autrement si l'on voulait tuer l'intérêt. En tout cas, un âge vient, et
très vite, où l'on a besoin d'un fil conducteur, où l'on soupçonne que
les hommes d'autrefois ressemblaient à ceux d'aujourd'hui et que leurs
actions avaient des motifs pareils aux nôtres. On cherche alors la
raison de tout ce qu'ils ont fait et dont le récit purement
chronologique est insipide ou incohérent. En écrivant une histoire de
France, c'est à ce besoin de l'esprit que nous avons essayé de répondre.
Nous avons voulu d'abord y répondre pour nous-même et à celle fin
dégager, avec le plus de clarté possible, les causes et les effets.