Cet ouvrage, consacre a l'etude du parler sheng, montre qu'il s'agit
d'un swahili vehiculaire qui, au contact de nombreuses langues (anglais
et langues locales entre autres) et en l'absence d'un nombre important
de locuteurs natifs, a permis, en l'espace de 40 ans, l'emergence d'une
langue urbaine devenue langue premiere chez des enfants et des jeunes
des quartiers pauvres. A travers la description et la comparaison avec
les autres systemes linguistiques en contact, il est prouve qu'il s'agit
d'une langue a part entiere, possedant une structure propre. Cette
structure est en partie mais non totalement fixee du fait de sa jeunesse
et de son contact toujours permanent avec les langues qui en sont a
l'origine. L'analyse sociolinguistique expose les pratiques, les
representations linguistiques et les vecteurs de la propagation du
sheng, dont le rap local, qui joue un role non negligeable. Les
difficultes liees a l'expansion d'une langue urbaine sont ici mises en
avant, notamment celles qui apparaissent en milieu scolaire, ou
l'apprentissage du swahili est freine par la pratique courante du sheng
et surtout par son absence de reconnaissance comme variete distincte du
swahili. Une analyse est amorcee concernant le fait que des situations
semblables, bien que basees sur des langues differentes, peuvent
engendrer des phenomenes com-parables, d'ou l'importance de la recherche
sur les langues mixtes nouvelles telles le nouchi d'Abidjan, le
francolof de Dakar ou l'hindoubill de Kinshasa.