Dans le Discours sur l'economie politique, Rousseau forme deux elements
essentiels de sa pensee politique: la notion de la volonte generale et
la distinction entre souverainete et gouvernement. Pourtant, la place
centrale qui revient a cette oeuvre ne lui a pas ete reconnue. D'abord
publiee (en 1755) comme article de l'Encyclopedie, elle a longtemps ete
consideree comme marquee par l'influence de Diderot. Son objet,
l'economie, semblait etranger aux preoccupations essentielles de
Rousseau. Cette nouvelle edition, appuyee sur le brouillon manuscrit,
eclaire la genese du texte. Le commentaire propose cherche a degager
l'unite et la specificite de l'oeuvre: il analyse le processus
d'invention de la volonte generale et l'emergence des problemes decisifs
lies a cette notion; il restitue son sens a l'economie politique dans la
pensee de Rousseau; il situe son intervention, centrale parce que
singuliere, dans les debats de son temps. C'est sans doute ce qui fait
aussi son interet present: parce que l'administration des choses, a ses
yeux, doit dependre de celle des hommes, Rousseau lie les questions du
patriotisme, de l'education publique a celles de la propriete et de
l'impot. Il affirme clairement que l'economie doit etre pensee sous la
politique parce que l'egalite est la condition de la liberte.