Ces dialogues sur la morale et la religion, dont Jean Baruzi n'avait
edite qu'une partie sous le titre Trois dialogues mystiques inedits de
Leibniz (1905), portent sur la piete ou amour de Dieu sur toutes choses.
Cet amour consiste, selon Leibniz (1646-1716), dans la connaissance de
la nature et de son divin auteur, ainsi que dans une action orientee
vers le bonheur du genre humain. Ecrits vers 1679, les dialogues sont un
eloge de la raison et une exhortation a l'employer, dans le domaine
theorique comme pratique, contre toutes les formes que peut prendre
l'antiphilosophie (fideisme, indifferentisme, scepticisme). La science
doit etre cultivee car elle est une celebration de Dieu autant qu'une
oeuvre au service de l'homme. Leibniz la concoit comme le fruit d'un
travail collectif, inlassablement poursuivi, qui suppose une etroite
collaboration entre les savants, leur respect commun de certains
principes et l'appui des autorites politiques. Le lien essentiel entre
progres scientifique, felicite de l'homme et gloire de Dieu est
particulierement illustre par le Memoire pour des personnes eclairees et
de bonne intention (redige entre 1692 et 1695), publie en appendice.