Harcele par les visites nocturnes d'un vieillard a la barbe blanche, qui
se presente comme etant le grand saint Jacques lui-meme, l'apotre du
Christ, Charlemagne se decide a entrainer ses troupes en Galice, et
emmene avec lui l'elite de l'armee franque, encadree par les douze
pairs, ses meilleurs chevaliers, dont le fameux Roland, son neveu. Les
guerriers font brutalement irruption dans les plaines du nord de
l'Espagne; de belles cites sombrent dans l'orage dechaine par les barons
descendus des montagnes. Peu a peu, absorbes a leur tour par l'etendue
desertique, les preux se mettent a deambuler d'un coin du pays a
l'autre; des esprits fureteurs les hantent, a la nuit tombee, lorsqu'ils
gisent sur leur couche brulante. Le regard aigu des Sarrasines
transperce le coeur vierge des plus forts d'entre eux. Surgissent des
myriades de demons qui dechirent les hauberts et crevent les poitrines
des suivants de l'empereur a la barbe fleurie; un des pairs gagne des
ailes d'ange, et survole la terre tourmentee par les geants sarrasins.
Au sommet des monts, Roland et ses compagnons menent une guerre de
partisans pour remettre la main sur Olivier, qui a disparu en
poursuivant l'emir Balan. Dans ces Dernieres aventures, ou s'engloutit
sans retenue la fleur de la maison de l'empereur mythique des Francs,
retentit l'echo de l'epopee medievale, dans laquelle l'auteur a puise
themes et personnages, pour les transporter jusqu'a nous dans de courts
paragraphes rythmes, en leur conferant une existence toute neuve.
Guillaume Issartel s'est servi de divers textes medievaux (et en
particulier de chansons de geste comme la Chanson de Roland ou celle,
moins connue, deFierabras) pour composer ce pendant contemporain des
epopees anciennes, et prolonger a son tour l'existence des heros
mythiques du monde roman.