En entreprenant de raconter les premiers temps de l'histoire de Rome,
Denys d'Halicarnasse, historien et professeur de rhetorique d'origine
grecque, s'inscrivait pleinement dans le projet augusteen de
restauration des valeurs de l'ancienne societe romaine. Bien que
traitant l'histoire de la cite latine, Denys demeure neanmoins
pleinement grec, defendant le courant litteraire que l'on nomma
atticisme par sa volonte d'imiter le style des grands auteurs grecs des
Ve et IVe siecles avant J.-C. tels que Demosthene. Par cette demarche
originale dans les premiers temps du principat, l'historien avait pour
objectif de mieux faire connaitre Rome a ses compatriotes helleniques.
De ce point de vue, le livre III de ses Antiquites Romaines retient
particulierement l'attention. Dans un recit qui oscille entre legende et
histoire, Denys y relate les regnes des rois romains Tullus Hostilius,
Ancus Marcius et Tarquin l'Ancien. Si beaucoup d'evenements relates dans
le regne du premier relevent de la fable, tels que le celebre
affrontement des Horaces et des Curiaces qui inspira Corneille, le nom
de Tarquin est quant a lui plus atteste par l'archeologie comme en
temoignent les vestiges du Circus Maximus ou du temple de Jupiter
Capitolin. Le recit de l'historien fait dans ce livre la part belle aux
guerres qu'entretient Rome avec ses cites voisines. Le regne de Tullus
Hostilius met ainsi fin au conflit qui oppose l'Vrbs a sa metropole
Albe. Les enjeux diplomatiques de cette opposition sont presentes par
Denys dans des termes qui ne sont pas sans rappeler la presentation des
conflits entre metropoles et colonies chez Thucydide. En cela,
l'historien paracheve sa volonte d'inscrire l'histoire de Rome dans une
filiation hellenique.
L'edition du livre III des Antiquites Romaines dans la Collection
des Universites de France comprend le texte grec de Denys d'Halicarnasse
accompagne de la traduction en francais de Jacques-Hubert Sautel. Le
volume s'ouvre par une introduction dans laquelle est expose l'interet
historique du recit et ou est retracee la tradition manuscrite du texte.