C'est banal..., dit-on d'un bibelot, d'un film, d'un discours, de tout
et de rien. D'ou procede un tel jugement, lui-meme banal? Sur le trajet
de quelle intention de la conscience surgit ce reproche? - De la vision
qu'on a de soi en tant que sujet unique. Conscient de la duree qu'il est
seul a vivre, mais qui s'inscrit dans la duree vecue au meme moment par
tout le monde, l'etre humain, ce paradoxe d'un Je au pluriel, disait
Jankelevitch, vit plus ou moins bien cette symbiose. Tiraille entre le
On est et le Je suis, son identite lui fait souci: l'originalite
l'exalte mais l'effraie; le conformisme le decoit mais le rassure. Que
choisir? Dans ce festival de culture artistique, litteraire,
philosophique, mais aussi d'humour, on analyse au plus pres du concret
les reactions au banal: la phobie, la transmutation, le conformisme
douillet. Mais on verra que rien de tout cela ne sied a l'exercice d'une
subjectivite accomplie. En un monde ou comme le reste, l'originalite ne
fait jamais que passer, il revient a chacun d'assumer la banalite et,
dans l'interet de tous, de vivre comme personne le present de tout le
monde.