C'est au prieure de Nogent-le-Rotrou qu'a ete compose ce poeme, par
Bernard le Clunisien, qui y residait, au XIIe siecle. Poesie
moralisatrice, profondement temoin de son temps, et contestataire en
meme temps, savante, l'uvre de Bernard le Clunisien est abondante: de
contemptu mundi (3000 vers), grand poeme apocalyptique et virulente
satire du clerge et de la curie romaine, Mariale, en l'honneur de Marie,
vaste poeme, de Trinitate et de fide catholica (1402 vers), De castitate
servanda (524 vers), In libros Regum (1018 vers). Comme les autres
uvres, le De octo vitiis (1399 vers) se trouve sur le meme manuscrit,
unique jusqu'a present, decouvert en 1933 et dont l'edition princeps
date de 1963 (par la suedoise Katarina Halverson). L'uvre ici presentee
s'adresse au pape, mais en fait a tous les moines, mis en garde contre
les peches qui peuvent les tenter: cupidite, intemperance a table,
ivrognerie, luxure, avarice, gloutonnerie, sexualite (femmes,
homosexualite). Le chemin du salut, c'est l'ascese monastique. La
doctrine de Bernard sur les peches est dans la lignee de ses maitres des
siecles passes: les peres de l'Eglise orientale et les moines d'Egypte
(puis Cassien au Ve siecle Gregoire Le Grand au VIIe siecle). Les peches
(de l'esprit, de la chair) sont decrits et enumeres avec leurs
filiations, les rapports mutuels, etc. D'abord l'orgueil, puis l'envie,
la colere, la vaine gloire, l'acedie (= le degout, la tristesse), la
cupidite, l'intemperance, la luxure, mais en definitive il n'y a que
sept peches capitaux (la vaine gloire est uitiorum regina, en facteur
commun chez Hugues de Saint-Victor deja) Poeme virulent, savant, L'uvre
est aussi satire de l'Eglise.