Fortement impressionné par l'Antigone de Sophocle alors qu'il n'est
encore qu'un adolescent, Jean Anouilh décide de s'emparer du mythe à son
tour durant l'Occupation. Mais l'Antigone qu'il dépeint est, cette fois,
un personnage perdu entre l'enfance et la femme qu'elle se sent devenir
et qui, cette fois, a bien conscience du destin qui l'attend. À tout
juste 20 ans, elle s'avance vers son destin, vers cette mort inévitable
qui l'attend parce qu'elle a choisi de dire non aux compromissions pour
ainsi préserver son idéal d'absolu et de pureté...
Après avoir détaillé la vie de Jean Anouilh, Niels Thorez nous
transporte dans l'univers fait d'oppositions qu'a érigé l'auteur pour
nous raconter l'histoire tragique d'Antigone. Après avoir résumé
l'oeuvre, il se penche sur le contexte de l'époque. Car, il est vrai,
celui-ci a toute son importance et conditionnera fortement la réception
de ce chef-d'oeuvre. Écrite durant l'Occupation allemande, la pièce
revêt en effet une ambiance toute particulière. Si d'aucuns ont vu dans
Antigone la figure de la Résistance et de la désobéissance, d'autres ont
décelé dans la pièce un soupçon de connivence avec le régime de Vichy.
Niels Thorez nous présentera dans son chapitre consacré à la réception
de l'oeuvre le scandale qui en naîtra. Il s'attarde également sur la
psychologie toute en nuance des personnages de Jean Anouilh. On découvre
ainsi une Antigone qui refuse le bonheur simple que lui propose son
oncle Créon parce que, pour l'atteindre, il lui faudrait faire des
compromissions. Or, cela, elle se l'interdit. Créon, de son côté, nous
apparaît désormais comme un vieillard qui cherche à sauver sa nièce de
la mort qui l'attend en l'incitant à passer sous silence son acte. Vient
ensuite l'étude des thématiques principales de l'oeuvre: l'absurdité du
monde, la querelle des générations, le pouvoir, etc. Enfin, l'analyse
s'achèvera sur l'étude du style d'Anouilh qui mêle la poétique de
l'enfance à celle, plus concrète, de la vieillesse.&n